La compatibilité entre donneur et receveur
Toutes les équipes médicales s’accordent à dire que la réussite de la greffe relève plus du domaine biologique que du domaine chirurgical, ce dernier étant maintenant parfaitement maîtrisé.
Les échecs répétés des premières greffes étaient dus avant tout au phénomène de rejet du greffon par le receveur. Celui-ci se matérialise par une insuffisance fonctionnelle du greffon, due soit à une oblitération de ses vaisseaux, soit à une fibrose. Le rejet peut être sur-aigu, aigu ou chronique : sur-aigu dès la greffe, aigu dans les semaines qui suivent, chronique tout au long de la vie du greffé (chronique ne doit pas être pris dans le sens négatif du terme car un greffé n’est plus un malade).
Le rejet est une réaction normale et permanente de l’organisme receveur qui considère que tout corps étranger est un ennemi, au même titre qu’une bactérie ou un virus. Ce sont les globules blancs qui assurent ce rôle de protection contre les intrusions extérieures et nous protègent ainsi des maladies. Le système immunitaire ne va pas reconnaître les antigènes des cellules du greffon et va donc secréter des anticorps.
Le premier élément nécessaire à une compatibilité optimum, est lié aux groupes sanguins. Cette compatibilité des groupes est analogue à celle qui permet de réaliser les transfusions sanguines, le facteur Rhésus n’étant toutefois pas pris en compte car sans incidence. Ainsi O est donneur universel, A peut donner à A et AB, B à B et AB, AB à AB.
Le deuxième élément est celui qui concerne le groupage HLA, sigle de Human Leucocyte Antigen et dont la découverte est due à Jean Dausset, chercheur français qui recevra le Prix Nobel de Médecine pour cette avancée fondamentale dans la maîtrise de ce phénomène.
Le groupe HLA de chaque individu est une carte d’identité de ses cellules. Le groupage HLA a pour but de déterminer si donneurs et receveurs sont compatibles. Les cartes d’identité du donneur et du receveur doivent avoir un minimum de points communs.
Un groupe est composé de 6 groupes principaux eux-mêmes composés de sous-groupes, rendant ainsi les combinaisons multiples.
Si le groupage a pour but de trouver un minimum de groupes compatibles, il doit aussi déterminer les incompatibilités.
Un autre élément est celui qui concerne la taille du greffon. Il est évident qu’un cœur issu d’un donneur de petite stature ne pourra jouer son rôle pour un receveur à la forte corpulence. L’inverse est aussi vrai car l’organe greffé doit être le plus proche possible de celui qu’il vient remplacer afin d’assurer son rôle avec efficacité. Cette remarque ne concerne pas à proprement parler le phénomène du rejet biologique. Elle souligne que certains éléments apparemment anodins doivent être pris en considération dans l’attribution des greffons.
L’âge des organes n’est pas une considération essentielle. C’est leur état fonctionnel qui compte et ce sont les médecins qui décident au vu des résultats des examens. Le cœur, en raison de son usure mécanique inhérente à son mode de fonctionnement, est très rarement prélevé au-delà de 50 ans.
Toutefois on essaie de faire en sorte que les âges des donneurs et des receveurs soient les plus proches possibles. Les chiffres sont surprenants puisque plus du tiers des donneurs a plus de 60 ans, les prélèvements vers 70 ou 75 ans n’étant pas exceptionnels. La mort cérébrale étant souvent la conséquence d’un AVC ou d’un accident corporel, elle peut être qualifiée comme une forme de décès en bonne santé, laissant présager le bon état sanitaire des organes du donneur.
Aucune compatibilité n’est liée au sexe. Ainsi chaque receveur peut recevoir un organe d’un donneur de sexe opposé si le critère lié à la taille est respecté et bien sûr aussi, les critères d'ordre biologique.